Aider les malades (soins, accompagnement, citoyenneté)

améliorer la vie des malades en attendant la guérison.

Communiquer les savoirs auprès des familles, professionnels et du grand public.

S'informer et partager Ces outils sont indispensables pour poursuivre la mobilisation et aider les malades dans leur combat.

Les essais concernent des maladies

neurologiques, neuromusculaires, cardiaques, du sang, de la vue, de la peau, du système immunitaire, du vieillissement.

Guérir (recherche et développement de thérapies innovantes)

suivre les projets des recherches, les essais clinique par les expertises et des plateformes dédiées à la recherche translationnelle.

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lundi 5 octobre 2015

Un jeune paraplégique parvient à remarcher grâce à un dispositif relié à son cerveau


Adam Fritz, un jeune AmĂ©ricain paraplĂ©gique est parvenu Ă  marcher de nouveau grâce Ă  un système informatique entièrement contrĂ´lĂ© par son cerveau.  ParalysĂ© des deux jambes, Adam Fritz, un jeune homme amĂ©ricain de 28 ans a pu pour la toute première fois marcher de nouveau. Ceci grâce Ă  un système informatique contrĂ´lĂ© par ses propres ondes cĂ©rĂ©brales. Une innovation technologique qui s’avère très prometteuse pour les victimes d'accident vasculaire cĂ©rĂ©bral (AVC) et de lĂ©sions de la moelle Ă©pinière. ’exploit a Ă©tĂ© supervisĂ© par des mĂ©decins de l'UniversitĂ© de Californie. Adam Fritz, paraplĂ©gique depuis 5 ans après un accident de moto, s’est portĂ© volontaire auprès de l’Ă©quipe pour tester un nouveau système d’ordinateur reliĂ© directement au cerveau. Le dispositif fonctionne grâce Ă  un rĂ©seau d’Ă©lectrodes fixĂ© sur la tĂŞte du patient. Celles-ci enregistrent les signaux cĂ©rĂ©brales de la mĂŞme manière que lors d’un test Ă©lectroencĂ©phalogramme. Un algorithme pour stimuler les nerfs des muscles Les donnĂ©es sont directement transmises Ă  un ordinateur qui se charge de les interprĂ©ter et de les transformer en ondes cĂ©rĂ©brales. Ces dernières sont ensuite envoyĂ©es sous forme d’algorithmes Ă  d’autre Ă©lectrodes chargĂ©es cette fois-ci de stimuler les nerfs de la jambe pour contracter les muscles et gĂ©nĂ©rer la marche. Ce système permet ainsi de contourner la lĂ©sion de la moelle Ă©pinière responsable de la paralysie et de rĂ©tablir la communication nerveuse entre le cerveau et les muscles via un dispositif externe. Grâce Ă  lui, le patient a Ă©tĂ© capable de marcher sur une distance de 3,66 mètres. Durant le parcours, son poids a Ă©tĂ© partiellement soutenu par un harnais afin de l’empĂŞcher de tomber. Sa performance a Ă©tĂ© filmĂ©e et a fait l’objet d’une Ă©tude dans la revue Journal of NeuroEngineering and Rehabilitation. "MĂŞme après des annĂ©es de paralysie, le cerveau peut encore gĂ©nĂ©rer des ondes cĂ©rĂ©brales significatives qui peuvent ĂŞtre exploitĂ©es pour permettre la marche de base", explique dans un communiquĂ© An Do, co-auteur de l’Ă©tude. Le premier patient Ă  pouvoir marcher sans avoir recours Ă  la robotique Il poursuit : "Nous avons dĂ©montrĂ© qu’il est possible de restaurer une marche intuitive, contrĂ´lĂ©e par le cerveau, malgrĂ© une lĂ©sion complète de la moelle Ă©pinière". Selon eux, Adam Fritz est le premier patient paralysĂ© des jambes Ă  pouvoir marcher sans avoir recours Ă  la robotique. Auparavant, les interfaces cerveau-ordinateur similaires, utilisaient des prothèses de membre, tels que des bras robotisĂ©s pour aider le patient Ă  effectuer un mouvement. L’an passĂ©, un patient paralysĂ© est mĂŞme parvenu Ă  contrĂ´ler un exosquelette de cette manière. Mais si les rĂ©sultats sur Adam Fritz sont très encourageants, ils ne concernent qu’un seul sujet. Les chercheurs envisagent ainsi d’Ă©tendre l’expĂ©rience Ă  d’autres patients paraplĂ©giques pour tester l’efficacitĂ© de leur système et l’amĂ©liorer. A terme, celui-ci pourrait conduire Ă  un dispositif capable d’ĂŞtre directement implantĂ© Ă  l’intĂ©rieur du corps d’une personne afin de lui permettre de bouger Ă  nouveau un ou plusieurs membres paralysĂ©s par la seule force de la pensĂ©e.  PubliĂ© par Emmanuel Perrin, le 24 septembre 2015

En savoir plus : http://www.maxisciences.com/paralysie/un-jeune-paraplegique-parvient-a-remarcher-grace-a-un-dispositif-relie-a-son-cerveau_art36009.html
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jeudi 20 août 2015

Première mondiale : du muscle « normal » Ă  partir de cellules souches embryonnaires

Une mĂ©thode pour obtenir des fibres musculaires et des cellules souches satellites Ă  partir de cellules souches embryonnaires a Ă©tĂ© mise au point par une Ă©quipe soutenue par l’AFM-TĂ©lĂ©thon.
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Cette avancĂ©e majeure pour les maladies neuromusculaires vient d’ĂŞtre publiĂ©e le 3 aoĂ»t 2015 dans Nature Biotechnology.
Pour la première fois au monde, l’Ă©quipe d’Olivier PourquiĂ©de l’Institut de GĂ©nĂ©tique et de Biologie MolĂ©culaire et Cellulaire (IGBMC) d’Illkirch et de l’UniversitĂ© d’Harvard aux Etats-Unis, a mis au point une mĂ©thode pour fabriquer des fibres musculaires et des cellules satellites.
"Grâce à notre méthode qui ne demande aucune manipulation génétique, nous obtenons des fibres musculaires qui se contractent, mais aussi des cellules souches satellites"

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Olivier Pourquié

(crédit photo : Lola Vélasquez/IGBMC)
Jusqu’Ă  prĂ©sent, les chercheurs savaient obtenir les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments des fibres musculaires, les myoblastes , Ă  partir de biopsies puis les amener Ă  se diffĂ©rencier en fibres musculaires. Mais au prix de rendements faibles et imparfaits (en particulier, sans activitĂ© contractile). Avec le protocole dĂ©veloppĂ© par l’Ă©quipe d’Olivier PourquiĂ©, il est dĂ©sormais possible d’obtenir des fibres musculaires qui se contractent et de vĂ©ritables cellules musculaires satellites, lesquelles permettent la formation des muscles et la rĂ©gĂ©nĂ©ration musculaire, comme dans un muscle « normal ».

Fort de ce succès, les chercheurs ont greffĂ© sur des souris modèles de la myopathie de Duchenne les cellules souches satellites obtenues (Ă  partir de cellules souches de souris). Un mois après, le muscle traitĂ© prĂ©sentait des fibres exprimant de la dystrophine normale, prouvant que ces cellules greffĂ©es sont bien capables de rĂ©gĂ©nĂ©rer les fibres musculaires « malades ».
Le protocole a Ă©galement Ă©tĂ© testĂ© sur des cellules souches embryonnaires obtenues Ă  partir de souris modèles de la myopathie de Duchenne et a permis d’obtenir des fibres musculaires « malades ».
Ces cellules musculaires, « normales » ou « malades », obtenues Ă  partir d’une source inĂ©puisable de cellules souches, sont un outil supplĂ©mentaire pour les chercheurs afin d’Ă©tudier les mĂ©canismes de formation des cellules musculaires, tester de nouveaux candidats-mĂ©dicaments mais aussi dĂ©montrer l’efficacitĂ© de futures thĂ©rapies. 

Pour en savoir plus : Differentiation of pluripotent stem cells to muscle fiber to model Duchenne muscular dystrophy.Olivier PourquiĂ©, et al. Nature Biotechnology, 8/3/2015 doi:10.1038/nbt.3297

mercredi 19 août 2015

PHAGOTHÉRAPIE: DES VIRUS NATURELS POUR TUER LES INFECTIONS

Phagothérapie: des virus naturels pour tuer les infections

Ces phages, ici en jaune, Ă©tudiĂ©s Ă  l’Institut Pasteur, vont venir Ă  bout d’une bactĂ©rie. Photo grossie 50 000 fois.
Face aux bactĂ©ries de plus en plus rĂ©sistantes aux antibiotiques et qui tuent chaque annĂ©e 25 000 personnes en Europe, mĂ©decins, chercheurs et malades se tournent vers les phages.... Des virus connus depuis près d’un siècle, mangeurs de bactĂ©ries, prĂ©sents partout dans notre environnement, qui se rĂ©vèlent parfois beaucoup plus efficaces que les traitements classiques.


HĂ´pital de Villeneuve-Saint-Georges, près deParis. Ce matin, Caroline, 43 ans, est radieuse, Ă©lĂ©gante et fière au bras de Rudy, son compagnon des bons et des mauvais moments. « La dernière fois que je suis venue dans cet hĂ´pital, se souvient-elle, je pleurais Ă  l’idĂ©e qu’on m’ampute de mon pied droit. » En racontant cet Ă©pisode douloureux, son visage se fige et ces terribles instants rĂ©apparaissent, comme un mauvais thriller.
Le calvaire de Caroline a commencĂ© en 1995, Ă  la suite d’une chute du second Ă©tage de son appartement, Ă  Douai. Bilan : de multiples fractures au dos et Ă  la cheville qui justifient des interventions chirurgicales en urgence. « Au cours de ces opĂ©rations, j’ai Ă©tĂ© contaminĂ©e par un staphylocoque dorĂ© qui m’a pourri la vie pendant des annĂ©es. » Une infection nosocomiale qui tue chaque annĂ©e 4 000 personnes en France. Contre cette bactĂ©rie redoutable qui ronge les chairs et les os de son pied, les mĂ©decins sortent la grosse artillerie antibiotique et la neutralisent pour un temps. Mais la bactĂ©rie rĂ©apparaĂ®t. « J’ai eu quelques moments de rĂ©pit avec l’espoir qu’on allait contrĂ´ler cette infection », ajoute-t-elle. Au fil des mois et des annĂ©es, les mĂ©decins, dĂ©munis, ne peuvent plus Ă©viter l’irrĂ©parable. « On m’a conseillĂ© de me faire amputer 17 centimètres en dessous du genou… Ma prothèse de jambe Ă©tait prĂŞte. »

Les phages lui ont sauvé le pied droit

Entre-temps et avec l’Ă©nergie du dĂ©sespoir, Caroline cherche une autre solution et dĂ©couvre, une semaine avant l’amputation, que certains malades atteints du mĂŞme mal ont guĂ©ri grâce Ă  la phagothĂ©rapie. Cette mĂ©thode existe depuis près d’un siècle et s’appuie sur les phages, desvirus mangeurs de bactĂ©ries (lire l’encadrĂ©) : « Je n’avais plus rien Ă  perdre. » Mais ce traitement de la dernière chance, largement utilisĂ© dans les pays de l’Est (Pologne, Russie et surtout GĂ©orgie, dans des centres qui accueillent des malades du monde entier), est interdit en France car il n’a pas le statut de « mĂ©dicament » ni, a fortiori, d’autorisation de mise sur le marchĂ©.
NĂ©anmoins, Caroline dĂ©couvre que quelques rares mĂ©decins choisissent de passer outre la lĂ©gislation. « Lorsque j’ai reçu cette patiente, se souvient le Dr Alain Dublanchet, microbiologiste et chef de file des dĂ©fenseurs de la phagothĂ©rapie, son pied et son moral Ă©taient en piteux Ă©tat. » C’est entre ses mains que Caroline va retrouver le sourire. Dans un premier temps, les mĂ©decins prĂ©lèvent les bactĂ©ries rĂ©sistantes aux antibiotiques sur la plaie de son pied qui se gangrène. Ensuite, ils rĂ©cupèrent des phages prĂ©sents partout dans la nature et notamment dans les eaux usĂ©es. « Après des tests in vitro, nous sĂ©lectionnons les phages efficaces contre les bactĂ©ries prĂ©sentes dans la plaie de la patiente », prĂ©cise le Dr Dublanchet. « Depuis que j’ai bĂ©nĂ©ficiĂ© de ce traitement, en 2010, je revis, explique Caroline devant son sauveur. Je n’ai plus mal et, surtout, il n’existe plus de foyers infectieux. »

La prescription des phages est interdite en France

Le cas de Caroline n’est pas unique. Henri Lemaitre, 48 ans, a connu le mĂŞme calvaire. Cet installateur d’antennes installĂ© Ă  Saint-Tropez a souffert de 37 fractures après une chute du cinquième Ă©tage d’un immeuble en fĂ©vrier 2005. Les phages l’ont guĂ©ri d’une infection multirĂ©sistante contractĂ©e pendant ses hospitalisations. « Je n’y croyais plus et je me prĂ©parais Ă  l’amputation », se souvient-il.
MĂŞme situation pour HervĂ© Jacqueson, 29 ans, atteint de mucoviscidose, diagnostiquĂ©e Ă  l’âge de 4 ans, une maladie gĂ©nĂ©tique qui a rĂ©duit sa capacitĂ© respiratoire de 70 % et s’accompagne d’infections chroniques et rĂ©sistantes. « Ce traitement par les phages, que je poursuis encore, m’a permis de stabiliser la maladie et de soigner les infections mieux que les antibiotiques classiques. » MĂŞme rĂ©sultat pour Thierry, 45 ans, qui est traitĂ© pour un abcès au visage dĂ» Ă  un staphylocoque : « Pour l’instant, j’ai de bons rĂ©sultats », note-t-il.
MalgrĂ© ces victoires, la phagothĂ©rapie reste ici un sujet presque tabou. La plupart des mĂ©decins interrogĂ©s reconnaissent des rĂ©sultats intĂ©ressants mais refusent de franchir le pas et de prescrire des phages Ă  leurs malades, mĂŞme si les traitements classiques sont inefficaces. Le Dr Patrick Mamoudy, chirurgien orthopĂ©diste, est souvent confrontĂ© au cas de patients infectĂ©s par diffĂ©rents virus rĂ©sistants Ă  l’antibiothĂ©rapie, comme le staphylocoque dorĂ©. « La rĂ©ussite des phages chez certains patients m’interpelle, admet-il, mais, dans la mesure oĂą ce traitement n’est pas lĂ©gal, on ne peut pas l’utiliser car, s’il y a le moindre problème, c’est la responsabilitĂ© du mĂ©decin prescripteur qui est engagĂ©e. » Le Pr Patrick Berche, microbiologiste, refuse lui aussi la phagothĂ©rapie : « Je n’y crois pas, assure-t-il, d’autant qu’elle n’a fait l’objet d’aucune Ă©tude sĂ©rieuse sur une sĂ©rie de malades. » Enfin, du cĂ´tĂ© de l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament et des produits de santĂ© (ANSM) et de son directeur gĂ©nĂ©ral, Dominique Maraninchi, pas question d’autoriser la mise sur le marchĂ© des phages, « en l’Ă©tat actuel des connaissances ».

Efficaces contre les infections pulmonaires

MalgrĂ© toutes ces rĂ©serves, des mĂ©decins comme les Drs Dublanchet et son confrère Olivier Patey de l’hĂ´pital de Villeneuve-Saint-Georges, ou JĂ©rĂ´me LarchĂ©, anesthĂ©siste-rĂ©animateur Ă  Narbonne, prennent le risque d’en faire profiter leurs patients Ă  titre compassionnel lorsque tout a Ă©tĂ© tentĂ© et qu’aucun traitement ne parvient Ă  arrĂŞter la flambĂ©e infectieuse. Et ils ne sont plus seuls. D’autres acteurs se lancent dans le bain et remuent ciel et terre pour dĂ©montrer l’intĂ©rĂŞt thĂ©rapeutique des phages.
C’est le cas de Laurent Debarbieux. Ce chargĂ© de ­recherche Ă  l’Institut Pasteur a dĂ©jĂ  franchi une Ă©tape en montrant l’intĂ©rĂŞt de la phagothĂ©rapie contre des infections pulmonaires sĂ©vères chez la souris. « Nous avons commencĂ© des essais prĂ©cliniques sur des patients souffrant de mucoviscidose Ă  partir d’une cinquantaine d’Ă©chantillons », ­explique-t-il. Les rĂ©sultats prĂ©liminaires sont dĂ©jĂ  significatifs dans 40 % des cas puisque les infections rĂ©sistantes, liĂ©es Ă  la maladie, ont pu ĂŞtre contrĂ´lĂ©es. « On envisage bientĂ´t de poursuivre nos investigations et de franchir la barre des 60 % de bons rĂ©sultats », confie-t-il.
L’association Vaincre la mucoviscidose a, depuis cinq ans, misĂ© sur le travail de son Ă©quipe, et lui a allouĂ© une enveloppe de 165 000 euros. MĂŞme stratĂ©gie du cĂ´tĂ© de certains mĂ©decins, notamment militaires, comme ceux des hĂ´pitaux Percy et Reine Astrid, respectivement Ă  Clamart et Ă  Bruxelles. « Nos blessĂ©s d’Afghanistan, particulièrement les grands brĂ»lĂ©s, sont porteurs d’infections ­multirĂ©sistantes aux antibiotiques, ce qui nous a conduits Ă  nous intĂ©resser Ă  la phagothĂ©rapie pour mieux les soigner », ­explique le Dr Patrick Jault, anesthĂ©siste-rĂ©animateur. ­Courant 2013, les conclusions de « Phageburn », une Ă©tude rĂ©alisĂ©e sur un Ă©chantillon de 200 malades et financĂ©e en partie par la Direction gĂ©nĂ©rale de l’armement (DGA), ­permettra de savoir si les phages sont une bonne alternative aux antibiotiques.

L’industrie pharmaceutique veut savoir si la phagothĂ©rapie est rentable

« Dans la mesure oĂą les phages ne sont pas “brevetables”, prĂ©cise Alain-Michel Ceretti, militant historique de la lutte contre les infections nosocomiales Ă  l’hĂ´pital, l’industrie ne veut pas investir. La seule solution est de concevoir un cocktail de phages afin qu’ils soient considĂ©rĂ©s comme un mĂ©dicament, avec un brevet et des bĂ©nĂ©fices en perspective. » C’est justement cette stratĂ©gie que certains industriels aux Etats-Unis, en Australie, en Angleterre ont choisie. En France, depuis 2007, Pherecydes Pharma, une start-up, planche sur la fabrication de ­cocktails de phages contre les infections multirĂ©sistantes respiratoires, osseuses et dermatologiques : « Nous avons d’Ă©troits contacts avec des laboratoires pharmaceutiques qui attendent de connaĂ®tre nos rĂ©sultats pour envisager un codĂ©­veloppement », insiste JĂ©rĂ´me Gabard, son P-DG. Le temps presse. En effet, sans argent pour mener des essais cliniques qui peuvent atteindre 5 millions d’euros, ces entreprises sont amenĂ©es Ă  disparaĂ®tre.

A moins que la solution vienne des pouvoirs publics : compte tenu de l’augmentation des rĂ©sistances en France et de l’absence de nouveaux antibiotiques plus efficaces, ils viennent d’entrer dans le dĂ©bat. Dans un rapport officiel, le Centre d’analyse stratĂ©gique, rattachĂ© aux services du Premier ministre, propose d’Ă©tudier l’intĂ©rĂŞt thĂ©rapeutique de la phagothĂ©rapie. En remplacement ou en complĂ©ment des antibiotiques. Une brèche vient de s’ouvrir.

vendredi 24 juillet 2015

PercĂ©e mondiale : une nouvelle molĂ©cule permettant d’augmenter les greffes de cellules souches

Sauvageau_Lab
Jalila Chagraoui, Agente de recherche, Iman Farès, étudiante au Ph. D.
et Dr Guy Sauvageau Ă  l’IRIC (CrĂ©dit: IRIC)
Des chercheurs de l’Institut de recherche en immunologie et cancĂ©rologie (IRIC) de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al viennent de publier dans le prestigieux magazine Science l’annonce de la dĂ©couverte d’une nouvelle molĂ©cule, la première en son genre, qui permet la multiplication de cellules souches dans une unitĂ© de sang de cordon. Les cellules souches issues du cordon ombilical sont utilisĂ©es pour des transplantations dans le but de guĂ©rir plusieurs maladies du sang, dont les leucĂ©mies, les myĂ©lomes et les lymphomes. Cette thĂ©rapie reprĂ©sente pour de nombreux patients un traitement de dernier recours.
DirigĂ©e par le Dr Guy Sauvageau, chercheur principal Ă  l’IRIC et hĂ©matologue Ă  l’HĂ´pital Maisonneuve-Rosemont, cette percĂ©e mondiale a le potentiel de multiplier par 10 le nombre d’unitĂ©s de sang de cordon disponibles pour une transplantation chez l’humain. De plus, elle rĂ©duira considĂ©rablement les complications associĂ©es Ă  la greffe de cellules souches. Elle sera particulièrement utile pour les patients non caucasiens pour qui les donneurs compatibles sont difficiles Ă  identifier.
Une Ă©tude clinique, utilisant cette molĂ©cule nommĂ©e UM171 en l’honneur de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al et un nouveau type de biorĂ©acteur dĂ©veloppĂ© pour la culture de cellules souches en collaboration avec l’UniversitĂ© de Toronto, sera initiĂ©e dès dĂ©cembre 2014 Ă  l’HĂ´pital Maisonneuve-Rosemont.
Selon le Dr Guy Sauvageau, « cette nouvelle molĂ©cule combinĂ©e Ă  la nouvelle technologie du biorĂ©acteur permettra Ă  des milliers de patients de par le monde d’avoir accès Ă  une transplantation de cellules souches plus sĂ©curitaire. ConsidĂ©rant que plusieurs patients ne peuvent actuellement avoir recours Ă  une greffe de cellules souches faute de donneurs compatibles, cette dĂ©couverte s’annonce très prometteuse pour le traitement de divers types de cancer. »
Le Centre d’excellence en thĂ©rapie cellulaire de l’HĂ´pital Maisonneuve-Rosemont servira d’unitĂ© de production de ces cellules souches. Par la suite, les greffons seront distribuĂ©s Ă  des patients de MontrĂ©al, QuĂ©bec et Vancouver pour cette première Ă©tude clinique canadienne. Des rĂ©sultats tangibles devraient ĂŞtre disponibles une annĂ©e plus tard, soit en dĂ©cembre 2015. Ă€ terme, des rĂ©sultats cliniques concluants pourraient rĂ©volutionner le traitement de la leucĂ©mie et d’autres maladies du sang. De lĂ , l’importance de la portĂ©e de cette nouvelle dĂ©couverte.
« Ces avancĂ©es extraordinaires sont le rĂ©sultat d’une Ă©quipe remarquable dont des Ă©tudiants et chercheurs postdoctoraux extrĂŞmement douĂ©s qui oeuvrent dans les laboratoires de l’IRIC, incluant les premières auteures de cette publication Iman Farès, Ă©tudiante au doctorat et Jalila Chagraoui, agente de recherche, ainsi que les professionnels de la plateforme de chimie mĂ©dicinale de l’IRIC sous la direction d’Anne Marinier qui ont optimisĂ© les propriĂ©tĂ©s thĂ©rapeutiques de cette nouvelle molĂ©cule », ajoute le Dr Guy Sauvageau.
Contexte
Le sang de cordon ombilical d’un nouveau-nĂ© est une excellente source de cellules souches hĂ©matopoĂŻĂ©tiques pour leur transplantation puisque leur système immunitaire est encore immature et que les cellules souches ont une probabilitĂ© moindre d’induire une rĂ©action immunitaire nĂ©faste chez le receveur.
De plus, il n’est pas nĂ©cessaire que la compatibilitĂ© immunologique entre le donneur et le receveur soit parfaite, contrairement Ă  une greffe de moelle osseuse. Cependant, dans la plupart des cas, le nombre de cellules souches obtenues d’un cordon ombilical est beaucoup trop faible pour traiter un adulte et son utilisation est confinĂ©e surtout au traitement des enfants. Avec la nouvelle molĂ©cule UM171, il sera possible de multiplier les cellules souches en culture et d’en produire suffisamment pour traiter des adultes, particulièrement ceux qui ne sont pas caucasiens car ils ont un accès limitĂ© Ă  la greffe par manque de donneurs.
Partenaires de l’Ă©tude
Des collaborateurs de l’HĂ´pital Maisonneuve-Rosemont, de la British Columbia Cancer Agency, de l’Ontario Cancer Institute et du Fred Hutchinson Cancer Research Center ont aussi jouĂ© un rĂ´le important dans l’Ă©valuation des propriĂ©tĂ©s biologiques de cette nouvelle molĂ©cule et ceux de l’UniversitĂ© de Toronto dans le dĂ©veloppement du biorĂ©acteur.
Financement
Cette Ă©tude est financĂ©e par le RĂ©seau de cellules souches du Canada, IRICoR, l’organisme de commercialisation de l’IRIC, le RĂ©seau de thĂ©rapie cellulaire et tissulaire financĂ© par le Fonds de recherche du QuĂ©bec–SantĂ© et les National Institutes of Health.
Étude citée
Pyrimidoindole derivatives are agonists of human hematopoietic stem cell self-renewal
Iman Fares, Jalila Chagraoui, Yves Gareau, Stéphane Gingras, Réjean Ruel, Nadine Mayotte, Elizabeth Csaszar, David J. H. F. Knapp, Paul Miller, Mor Ngom, Suzan Imren, Denis-Claude Roy, Kori L. Watts, Hans-Peter Kiem, Robert Herrington, Norman N. Iscove, R. Keith Humphries, Connie J. Eaves, Sandra Cohen, Anne Marinier, Peter W. Zandstra, Guy Sauvageau
Science, 19 September 2014
Ă€ propos de l’Institut de recherche en immunologie et en cancĂ©rologie
PĂ´le de recherche et centre de formation ultramoderne, l’Institut de recherche en immunologie et en cancĂ©rologie (IRIC) de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al a Ă©tĂ© créé en 2003 pour Ă©lucider les mĂ©canismes du cancer et accĂ©lĂ©rer la dĂ©couverte de nouvelles thĂ©rapies plus efficaces contre cette maladie. L’IRIC fonctionne selon un modèle unique au Canada. Sa façon innovante d’envisager la recherche a dĂ©jĂ  permis de rĂ©aliser des dĂ©couvertes qui auront, au cours des prochaines annĂ©es, une incidence significative dans la lutte contre le cancer. Pour plus d’informations : www.iric.ca
Ă€ propos de l’Institut de recherche en immunologie et en cancĂ©rologie — Commercialisation de la recherche
L’Institut de recherche en immunologie et en cancĂ©rologie – Commercialisation de la recherche (IRICoR) est un organisme Ă  but non lucratif, axĂ© sur la dĂ©couverte et la commercialisation de mĂ©dicaments, situĂ© Ă  l’UniversitĂ© de MontrĂ©al (UdeM), plus prĂ©cisĂ©ment, au sein de l’Institut de recherche en immunologie et en cancĂ©rologie (IRIC). L’objectif d’IRICoR est de traduire rapidement les projets de recherche universitaires hautement novateurs de l’IRIC et de divers centres en thĂ©rapies innovatrices de grande valeur. Pour ce faire, IRICoR favorise des partenariats avec le secteur privĂ© afin d’accĂ©lĂ©rer le transfert de l’innovation de la recherche universitaire vers le marchĂ©. Pour plus d’informations : www.iricor.ca
À propos du Réseau de cellules souches du Canada
Le RĂ©seau de cellules souches (RCS), créé en 2001, regroupe plus de 100 scientifiques, cliniciens, ingĂ©nieurs et Ă©thiciens qui sont des chefs de file dans les universitĂ©s et les hĂ´pitaux au Canada. Le RCS appuie des projets de recherche d’avant-garde dont les dĂ©couvertes peuvent donner naissance Ă  des traitements, nouveaux et amĂ©liorĂ©s, qui seront offerts Ă  des millions de patients au Canada et partout dans le monde. HĂ©bergĂ© par l’UniversitĂ© d’Ottawa, le RĂ©seau de cellules souches est l’un des RĂ©seaux de centres d’excellence du Canada qui sont financĂ©s par Industrie Canada et ses trois conseils subventionnaires. Pour plus d’informations : www.stemcellnetwork.ca
Ă€ propos du RĂ©seau de thĂ©rapie cellulaire et tissulaire du Fonds de recherche du QuĂ©bec – SantĂ©
Le RĂ©seau de thĂ©rapie cellulaire et tissulaire (ThĂ©Cell) vise Ă  faciliter les Ă©tudes cliniques phase 1 et 2 afin de rendre les technologies de pointe en thĂ©rapie cellulaire et tissulaire accessible Ă  la population en valorisant les plateformes technologiques issues des universitĂ©s quĂ©bĂ©coises et de leurs partenaires. Le RĂ©seau ThĂ©Cell, financĂ© par le Fonds de recherche du QuĂ©bec — SantĂ© (FRQS), sert de levier et de catalyseur pour mobiliser et coordonner l’accès et l’utilisation d’infrastructures et de personnel hautement qualifiĂ© dans le domaine de la thĂ©rapie cellulaire et tissulaire. Pour plus d’informations : www.reseauthecell.qc.ca
Ă€ propos du Centre d’excellence en thĂ©rapie cellulaire
Le Centre d’excellence en thĂ©rapie cellulaire (CETC) de l’HĂ´pital Maisonneuve-Rosemont est un ensemble de laboratoires dĂ©diĂ©s Ă  la manipulation de cellules humaines Ă  des fins thĂ©rapeutiques chez l’humain. Le CETC a comme objectif d’ĂŞtre un fer de lance de la mĂ©decine rĂ©gĂ©nĂ©ratrice et de la thĂ©rapie cellulaire au Canada. Pour plus d’informations : www.cetc-hmr.org
Renseignements
Manon Pepin
Directrice des communications et relations avec les médias
Institut de recherche en immunologie et en cancĂ©rologie│IRIC
Université de Montréal
(514) 343-7283│manon.pepin@umontreal.ca

vendredi 17 avril 2015

Paralysé, un patient remarche après une incroyable opération


Un patient paralysĂ© a retrouvĂ© l'usage de ses jambes après une transplantation de cellules nerveuses. Il est le premier au monde Ă  avoir Ă©tĂ© soignĂ© d'une dĂ©chirure totale des nerfs. Le nom de Darek Fidyka restera dans les annales de la mĂ©decine. Quatre ans après une agression au couteau qui l'avait privĂ© de l'usage de ses jambes, il peut marcher Ă  nouveau. Ceci, grâce Ă  une transplantation nerveuse unique, rĂ©alisĂ©e il y a deux ans par des mĂ©decins polonais, dirigĂ©s par le docteur Pawel Tabakow. D'après l'article paru dans la revue Cell Transplantation, Darek Fidyka est la première personne au monde Ă  se remettre d'une dĂ©chirure totale des nerfs de la colonne vertĂ©brale. "Pour moi, c'est encore plus impressionnant que les premiers pas de l'homme sur la Lune," a commentĂ©, Ă  la BBC, le professeur Geoffrey Raisman de l'University College de Londres (UCL). Après de longs mois d'efforts et de rééducation, Darek Fidyka a maintenant retrouvĂ© une vie presque normale. Il marche avec un dĂ©ambulateur et a mĂŞme pu reprendre le volant. "Quand ça commence Ă  revenir, vous vous sentez revivre, comme si c'Ă©tait une nouvelle naissance. C'est une sensation incroyable, difficile Ă  dĂ©crire," a-t-il dĂ©clarĂ© Ă  la BBC, qui a eu un accès exclusif au patient et aux mĂ©decins. Des chirurgiens qui ont eu du nez Pour rĂ©aliser cette avancĂ©e, le docteur Tabakow a dĂ©veloppĂ© un traitement pendant 12 ans et a opĂ©rĂ© Darek Fidyka Ă  deux reprises. Les mĂ©decins ont transplantĂ© des cellules nerveuses issues de la muqueuse de sa cavitĂ© nasale sur sa colonne vertĂ©brale. Des cellules particulières, dites olfactives gliales engainantes (OEC). Leur pouvoir intĂ©resse depuis longtemps les chercheurs. Elles ont la particularitĂ© d'encourager la rĂ©gĂ©nĂ©ration des neurones, au sein du système olfactif, mais aussi du système nerveux central. TransplantĂ©e dans la colonne vertĂ©brale du patient, elles ont ainsi poussĂ© les nerfs Ă  se rĂ©gĂ©nĂ©rer et ont permis de rĂ©tablir la connexion nerveuse. Le traitement des mĂ©decins polonais se base sur des travaux rĂ©alisĂ©s Ă  l'UCL par Geoffrey Raisman et son Ă©quipe : "L'opĂ©ration fournit un pont qui permet aux fibres nerveuses sectionnĂ©es de grandir au-dessus du vide," a-t-il expliquĂ© repris par Le Point. D'autres transplantations Ă  venir L'opĂ©ration de Darek Fidyka a Ă©tĂ© en partie financĂ©e par la Fondation Nicholls des Blessures VertĂ©brales, créée par le chef cuisinier David Nicholls. Son fils est lui-mĂŞme paralysĂ© depuis un accident en 2003. D'après The Guardian, il a souhaitĂ© avant tout que cette opĂ©ration en inspire d'autres. "L'information scientifique relative Ă  cette avancĂ©e significative sera mise Ă  la disposition d'autres chercheurs dans le monde entier afin que, ensemble, nous puissions nous battre pour enfin trouver un remède Ă  cette situation qui prive les gens de leur vie", a t-il expliquĂ©. Cette avancĂ©e n'a pourtant pas encore convaincu toute la communautĂ© scientifique : "Seul un vĂ©ritable essai (clinique) permettra de montrer que c'est bien (ce traitement) qui a refait fonctionner la moelle Ă©pinière," a dĂ©clarĂ©, au Point, Alain Privat, chercheur de l'Institut national de la santĂ© et de la recherche mĂ©dicale. Geoffrey Raisman compte bien confirmer ces rĂ©sultats et espère voir trois personnes ĂŞtre opĂ©rĂ©es en Pologne d'ici 3 Ă  5 ans si les fonds nĂ©cessaires peuvent ĂŞtre levĂ©s.

En savoir plus : http://www.maxisciences.com/paralysie/paralyse-un-patient-remarche-apres-une-incroyable-operation_art33701.html
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mercredi 18 mars 2015

La loi Handicap a 10 ans : selon les associations de patients, peu de choses ont changé

Les associations de personnes handicapĂ©es ont fĂŞtĂ©, Ă  leur façon, les 10 ans de la Loi Handicap en manifestant leur colère dans toute la France. Insuffisamment appliquĂ©e, rabotĂ©e par une ordonnance de 2014 qui en limite l’impact, cette loi a eu relativement peu d’effets sur leur intĂ©gration dans la sociĂ©tĂ©.

La France reste donc le mauvais Ă©lève de l’Europe en terme d’Ă©galitĂ© des droits et des chances des personnes handicapĂ©es.

Les volontés d'amélioration de la situation exprimées par le Secrétariat d'État aux personnes handicapées
 et le ministère de la santĂ© Ă  l'occasion de cet anniversaire se traduiront-elles par des mesures concrètes susceptibles de mieux aider les patients et leur entourage, confrontĂ©s Ă  de terribles difficultĂ©s quotidiennes ?
Trop d'établissements encore inaccessibles aux personnes handicapées
Les associations de personnes handicapĂ©es, regroupĂ©es dans le Collectif pour une France accessible, ont manifestĂ© dans une quarantaine de villes Ă  l'occasion des 10 ans de la Loi n°2005-102 du 11 fĂ©vrier 2005 pour l'Ă©galitĂ© des droits et des chances, la participation et la citoyennetĂ© des personnes handicapĂ©es. Elles dĂ©noncent le peu d'impact de cette loi et, surtout, son rabotage par l'Ordonnance du 26 septembre 2014.

Une accessibilitĂ© qui a peu Ă©voluĂ©… et va continuer Ă  stagner
Dix ans après une loi censĂ©e promouvoir l'accessibilitĂ© Ă  tous lesĂ©tablissements recevant du public (ERP) en les obligeant Ă  amĂ©nager des accès adĂ©quats, seulement 40% des ERP ont fait les efforts nĂ©cessaires. Un chiffre tellement catastrophique que le gouvernement a dĂ» publier une ordonnance (l'Ordonnance du 26 septembre 2014) pour Ă©viter que les ERP contrevenants ne soient sanctionnĂ©s financièrement.

Cette ordonnance, vĂ©cue comme un recul, voire une insulte par les personnes handicapĂ©es, octroie des dĂ©lais supplĂ©mentaires de 3, 6 ou 9 ans (selon le type d'ERP) pour effectuer les amĂ©nagements nĂ©cessaires. Face Ă  la colère des associations qui ont saisi le Conseil d'État, le gouvernement a prĂ©cisĂ© que le dĂ©lai le plus court s'appliquait Ă  80% du parc des ERP et que tous les ERP non accessibles devaient publier, avant septembre 2015, un "Document de programmation"pour annoncer la date et la nature des travaux prĂ©vus.

Un marché de l'emploi encore réfractaire aux personnes handicapées
En France, ce sont 1,4 millions d'hommes et 1,1 millions de femmes qui bĂ©nĂ©ficient dĂ©sormais de la Reconnaissance de la qualitĂ© de travailleur handicapĂ© (RQTH). Parmi ces personnes, 48 % souffrent d'un handicap moteur, 14% d'un handicap psychique et 13% d'un handicap sensoriel.

Le chĂ´mage touche fortement les personnes handicapĂ©es: 428000 personnes ayant la RQTH sont sans emploi, soit 22% de cette population, un taux 2 fois plus Ă©levĂ© que celui de la population valide. Au total, ce sont 371000 personnes handicapĂ©es qui travaillent dans le secteur privĂ©, 197000 dans le secteur public et 159000 en milieu professionnel protĂ©gĂ© (par exemple les ESAT).

Face Ă  l'obligation, pour les entreprises, d'avoir 6% de leur effectif salariĂ© composĂ© de personnes ayant la RQTH, le secteur privĂ© fait mauvaise figure: seulement 3,1% de salariĂ©s handicapĂ©s en 2011, contre 4,9% pour le secteur public en 2014. Dans la fonction publique, la Territoriale fait figure de bon Ă©lève avec presque 6% et l'Éducation nationale est Ă  la traine.

Si les effets de la Loi de 2005 sur l'emploi des personnes handicapĂ©es sont globalement positifs (une augmentation de 60% du nombre de salariĂ©s handicapĂ©s en 10 ans, comme le rappelle le ministère de la santĂ© dans un communiquĂ©), les associations tempèrent cet optimisme en prĂ©cisant qu'il s'agitessentiellement de l'acquisition de la RQTH par des personnes qui Ă©taient en poste en 2005, plutĂ´t que de nouvelles embauches.

Un système éducatif qui peine encore à intégrer les élèves handicapés
Le rapport du gouvernement sur la mise en Ĺ“uvre de lapolitique nationale en faveur des personnes handicapĂ©espubliĂ© en fĂ©vrier 2012, pointe uneaugmentation de 33% du nombre d'Ă©lèves handicapĂ©s scolarisĂ©s en milieu ordinaire, entre 2005 et 2010. Ce sont 210000 Ă©lèves et 18000 Ă©tudiants handicapĂ©s qui frĂ©quentent dĂ©sormais les Ă©tablissements scolaires et universitaires.

Ce rĂ©sultat positif doit ĂŞtre tempĂ©rĂ© par le fait que la plupart des Ă©lèves handicapĂ©s ne frĂ©quentent ces Ă©tablissements que quelques heures par semaine et, surtout, que la grande majoritĂ© d'entre eux ne sont plus pris en charge par le système Ă©ducatif gĂ©nĂ©ral Ă  partir de l'âge de 16ans.

Des associations vent debout contre un recul programmé de la loi Handicap
Outre la saisine du Conseil d'État, le Collectif pour une France accessible a Ă©crit une lettre ouverte au PrĂ©sident de la RĂ©publique pour dĂ©noncer les effets catastrophiques de l'Ordonnance du 26 septembre 2014. Elles dĂ©noncent lesexceptions trop nombreuses accordĂ©es aux ERP en terme d'accessibilitĂ© et font valoir que cette ordonnance les prive du Droit d'accès aux transports publics inscrit dans la Loi de 2005.

Elles font appel aux Parlementaires pour qu'ils refusent de ratifier cette ordonnance et exigent sa réécriture pour Ă©viter qu'elle ne neutralise complètement les avancĂ©es obtenues en 2005.

Des mesures annoncées par le Secrétariat d'État aux personnes handicapées et le ministère de la santé
En rĂ©action Ă  la colère des associations, le SecrĂ©tariat d'État aux personnes handicapĂ©es a annoncĂ© une mobilisation des Agences rĂ©gionales de santĂ©(qui aujourd'hui ne cherchent pas Ă  identifier les besoins spĂ©cifiques des personnes handicapĂ©es), des amendements pour amĂ©liorer le fonctionnement des Maisons dĂ©partementales des personnes handicapĂ©es(MDPH, chargĂ©es de coordonner localement les aides de l'État), ainsi que la mise en place du tiers-payant pour les aides techniques nĂ©cessaires aux personnes handicapĂ©es (qui aujourd'hui doivent avancer ces dĂ©penses).

Mais malgrĂ© ces promesses, auxquelles il faut rajouter celles du ministère de la santĂ© -"nouvelle impulsion" sur l'accessibilitĂ©, renforcement des accompagnements, du nombre de places en ERP, promotion d'une "sociĂ©tĂ© inclusive"-, 10ans après l'adoption de la Loi Handicap, force est de constater quela France est encore Ă  la traĂ®ne des États-membres de l'Union europĂ©enne en matière d'Ă©galitĂ© et d'intĂ©gration des personnes handicapĂ©es dans la sociĂ©tĂ©.

Ce retard est malheureusement symbolisĂ© par cette Ordonnance de 2014, qui marque un net recul par rapport Ă  ce que ces personnes sont en droit d'attendre. Le gouvernement et les parlementaires entendront-ils les dolĂ©ances des associations de patients handicapĂ©s ?

Pour en savoir plus :
La lettre ouverte au PrĂ©sident de la RĂ©publique du Collectif pour une France accessible, via Huffington Post, 10 fĂ©vrier 2015.
Lecommuniqué de presse du ministère de la santé à l'occasion des 10 ans de la Loi Handicap, sante.gouv.fr, 11 février 2015
La Loi n°2005-102 pour l'Ă©galitĂ© des droits et des chances, la participation et la citoyennetĂ© des personnes handicapĂ©es, legifrance.gouv.fr,11 fĂ©vrier 2005
L'Ordonnance n° 2014-1090 relative Ă  la mise en accessibilitĂ© des Ă©tablissements recevant du public, des transports publics, des bâtiments d'habitation et de la voirie pour les personnes handicapĂ©es,legifrance.gouv.fr,26 septembre 2014
La prĂ©sentation de l'Ordonnance AccessibilitĂ© en Conseil des ministres, sante.gouv.fr, 25 septembre 2014
Le Rapport du gouvernement sur la mise en Ĺ“uvre de lapolitique nationale en faveur des personnes handicapĂ©es, ladocumentationfrancaise.fr, fĂ©vrier 2012.

mardi 20 janvier 2015

Myopathie de Duchenne (DMD) : premier patient traité à l'Institut de Myologie




C'est la première étude à doses multiples chez l'humain pour évaluer la sécurité, la tolérance, l'efficacité et les paramètres pharmacocinétiques du SRP--4053 chez des patients atteints de DMD porteurs de délétions de l'exon 53.
L'étude sera menée dans 4 sites en Europe (Rome, Londres, Newcastle Upon-Tyne et Paris à l'Institut de Myologie) dans le cadre d'un contrat de consortium entre Sarepta et plusieurs hôpitaux, institutions et scientifiques européens. Elle pourra compter jusqu'à 48 patients, des garçons de 6 à 15 ans, et devra être close en décembre 2016.
Un essai appuyé par le Réseau français des cliniciens
Le recrutement des patients français dans les essais cliniques en général, et celui-ci en particulier, s'appuie sur le Réseau français des cliniciens qui identifient et assurent le suivi de l'histoire naturelle de la maladie pour chaque patient pouvant théoriquement être traité par saut de l'exon 53.
"Nous sommes très heureux que le premier patient ayant reçu ce nouveau mĂ©dicament qui induit le saut de l'exon 53, ait pu en bĂ©nĂ©ficier ici, Ă  Paris" a prĂ©cisĂ© Laurent Servais, NeuropĂ©diatre et Responsable des essais cliniques et bases de donnĂ©es de l'Institut de Myologie