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jeudi 20 août 2015

Première mondiale : du muscle « normal » à partir de cellules souches embryonnaires

Une méthode pour obtenir des fibres musculaires et des cellules souches satellites à partir de cellules souches embryonnaires a été mise au point par une équipe soutenue par l’AFM-Téléthon.
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Cette avancée majeure pour les maladies neuromusculaires vient d’être publiée le 3 août 2015 dans Nature Biotechnology.
Pour la première fois au monde, l’équipe d’Olivier Pourquiéde l’Institut de Génétique et de Biologie Moléculaire et Cellulaire (IGBMC) d’Illkirch et de l’Université d’Harvard aux Etats-Unis, a mis au point une méthode pour fabriquer des fibres musculaires et des cellules satellites.
"Grâce à notre méthode qui ne demande aucune manipulation génétique, nous obtenons des fibres musculaires qui se contractent, mais aussi des cellules souches satellites"

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Olivier Pourquié

(crédit photo : Lola Vélasquez/IGBMC)
Jusqu’à présent, les chercheurs savaient obtenir les différents éléments des fibres musculaires, les myoblastes , à partir de biopsies puis les amener à se différencier en fibres musculaires. Mais au prix de rendements faibles et imparfaits (en particulier, sans activité contractile). Avec le protocole développé par l’équipe d’Olivier Pourquié, il est désormais possible d’obtenir des fibres musculaires qui se contractent et de véritables cellules musculaires satellites, lesquelles permettent la formation des muscles et la régénération musculaire, comme dans un muscle « normal ».

Fort de ce succès, les chercheurs ont greffé sur des souris modèles de la myopathie de Duchenne les cellules souches satellites obtenues (à partir de cellules souches de souris). Un mois après, le muscle traité présentait des fibres exprimant de la dystrophine normale, prouvant que ces cellules greffées sont bien capables de régénérer les fibres musculaires « malades ».
Le protocole a également été testé sur des cellules souches embryonnaires obtenues à partir de souris modèles de la myopathie de Duchenne et a permis d’obtenir des fibres musculaires « malades ».
Ces cellules musculaires, « normales » ou « malades », obtenues à partir d’une source inépuisable de cellules souches, sont un outil supplémentaire pour les chercheurs afin d’étudier les mécanismes de formation des cellules musculaires, tester de nouveaux candidats-médicaments mais aussi démontrer l’efficacité de futures thérapies. 

Pour en savoir plus : Differentiation of pluripotent stem cells to muscle fiber to model Duchenne muscular dystrophy.Olivier Pourquié, et al. Nature Biotechnology, 8/3/2015 doi:10.1038/nbt.3297

mercredi 19 août 2015

PHAGOTHÉRAPIE: DES VIRUS NATURELS POUR TUER LES INFECTIONS

Phagothérapie: des virus naturels pour tuer les infections

Ces phages, ici en jaune, étudiés à l’Institut Pasteur, vont venir à bout d’une bactérie. Photo grossie 50 000 fois.
Face aux bactéries de plus en plus résistantes aux antibiotiques et qui tuent chaque année 25 000 personnes en Europe, médecins, chercheurs et malades se tournent vers les phages.... Des virus connus depuis près d’un siècle, mangeurs de bactéries, présents partout dans notre environnement, qui se révèlent parfois beaucoup plus efficaces que les traitements classiques.


Hôpital de Villeneuve-Saint-Georges, près deParis. Ce matin, Caroline, 43 ans, est radieuse, élégante et fière au bras de Rudy, son compagnon des bons et des mauvais moments. « La dernière fois que je suis venue dans cet hôpital, se souvient-elle, je pleurais à l’idée qu’on m’ampute de mon pied droit. » En racontant cet épisode douloureux, son visage se fige et ces terribles instants réapparaissent, comme un mauvais thriller.
Le calvaire de Caroline a commencé en 1995, à la suite d’une chute du second étage de son appartement, à Douai. Bilan : de multiples fractures au dos et à la cheville qui justifient des interventions chirurgicales en urgence. « Au cours de ces opérations, j’ai été contaminée par un staphylocoque doré qui m’a pourri la vie pendant des années. » Une infection nosocomiale qui tue chaque année 4 000 personnes en France. Contre cette bactérie redoutable qui ronge les chairs et les os de son pied, les médecins sortent la grosse artillerie antibiotique et la neutralisent pour un temps. Mais la bactérie réapparaît. « J’ai eu quelques moments de répit avec l’espoir qu’on allait contrôler cette infection », ajoute-t-elle. Au fil des mois et des années, les médecins, démunis, ne peuvent plus éviter l’irréparable. « On m’a conseillé de me faire amputer 17 centimètres en dessous du genou… Ma prothèse de jambe était prête. »

Les phages lui ont sauvé le pied droit

Entre-temps et avec l’énergie du désespoir, Caroline cherche une autre solution et découvre, une semaine avant l’amputation, que certains malades atteints du même mal ont guéri grâce à la phagothérapie. Cette méthode existe depuis près d’un siècle et s’appuie sur les phages, desvirus mangeurs de bactéries (lire l’encadré) : « Je n’avais plus rien à perdre. » Mais ce traitement de la dernière chance, largement utilisé dans les pays de l’Est (Pologne, Russie et surtout Géorgie, dans des centres qui accueillent des malades du monde entier), est interdit en France car il n’a pas le statut de « médicament » ni, a fortiori, d’autorisation de mise sur le marché.
Néanmoins, Caroline découvre que quelques rares médecins choisissent de passer outre la législation. « Lorsque j’ai reçu cette patiente, se souvient le Dr Alain Dublanchet, microbiologiste et chef de file des défenseurs de la phagothérapie, son pied et son moral étaient en piteux état. » C’est entre ses mains que Caroline va retrouver le sourire. Dans un premier temps, les médecins prélèvent les bactéries résistantes aux antibiotiques sur la plaie de son pied qui se gangrène. Ensuite, ils récupèrent des phages présents partout dans la nature et notamment dans les eaux usées. « Après des tests in vitro, nous sélectionnons les phages efficaces contre les bactéries présentes dans la plaie de la patiente », précise le Dr Dublanchet. « Depuis que j’ai bénéficié de ce traitement, en 2010, je revis, explique Caroline devant son sauveur. Je n’ai plus mal et, surtout, il n’existe plus de foyers infectieux. »

La prescription des phages est interdite en France

Le cas de Caroline n’est pas unique. Henri Lemaitre, 48 ans, a connu le même calvaire. Cet installateur d’antennes installé à Saint-Tropez a souffert de 37 fractures après une chute du cinquième étage d’un immeuble en février 2005. Les phages l’ont guéri d’une infection multirésistante contractée pendant ses hospitalisations. « Je n’y croyais plus et je me préparais à l’amputation », se souvient-il.
Même situation pour Hervé Jacqueson, 29 ans, atteint de mucoviscidose, diagnostiquée à l’âge de 4 ans, une maladie génétique qui a réduit sa capacité respiratoire de 70 % et s’accompagne d’infections chroniques et résistantes. « Ce traitement par les phages, que je poursuis encore, m’a permis de stabiliser la maladie et de soigner les infections mieux que les antibiotiques classiques. » Même résultat pour Thierry, 45 ans, qui est traité pour un abcès au visage dû à un staphylocoque : « Pour l’instant, j’ai de bons résultats », note-t-il.
Malgré ces victoires, la phagothérapie reste ici un sujet presque tabou. La plupart des médecins interrogés reconnaissent des résultats intéressants mais refusent de franchir le pas et de prescrire des phages à leurs malades, même si les traitements classiques sont inefficaces. Le Dr Patrick Mamoudy, chirurgien orthopédiste, est souvent confronté au cas de patients infectés par différents virus résistants à l’antibiothérapie, comme le staphylocoque doré. « La réussite des phages chez certains patients m’interpelle, admet-il, mais, dans la mesure où ce traitement n’est pas légal, on ne peut pas l’utiliser car, s’il y a le moindre problème, c’est la responsabilité du médecin prescripteur qui est engagée. » Le Pr Patrick Berche, microbiologiste, refuse lui aussi la phagothérapie : « Je n’y crois pas, assure-t-il, d’autant qu’elle n’a fait l’objet d’aucune étude sérieuse sur une série de malades. » Enfin, du côté de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et de son directeur général, Dominique Maraninchi, pas question d’autoriser la mise sur le marché des phages, « en l’état actuel des connaissances ».

Efficaces contre les infections pulmonaires

Malgré toutes ces réserves, des médecins comme les Drs Dublanchet et son confrère Olivier Patey de l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges, ou Jérôme Larché, anesthésiste-réanimateur à Narbonne, prennent le risque d’en faire profiter leurs patients à titre compassionnel lorsque tout a été tenté et qu’aucun traitement ne parvient à arrêter la flambée infectieuse. Et ils ne sont plus seuls. D’autres acteurs se lancent dans le bain et remuent ciel et terre pour démontrer l’intérêt thérapeutique des phages.
C’est le cas de Laurent Debarbieux. Ce chargé de ­recherche à l’Institut Pasteur a déjà franchi une étape en montrant l’intérêt de la phagothérapie contre des infections pulmonaires sévères chez la souris. « Nous avons commencé des essais précliniques sur des patients souffrant de mucoviscidose à partir d’une cinquantaine d’échantillons », ­explique-t-il. Les résultats préliminaires sont déjà significatifs dans 40 % des cas puisque les infections résistantes, liées à la maladie, ont pu être contrôlées. « On envisage bientôt de poursuivre nos investigations et de franchir la barre des 60 % de bons résultats », confie-t-il.
L’association Vaincre la mucoviscidose a, depuis cinq ans, misé sur le travail de son équipe, et lui a alloué une enveloppe de 165 000 euros. Même stratégie du côté de certains médecins, notamment militaires, comme ceux des hôpitaux Percy et Reine Astrid, respectivement à Clamart et à Bruxelles. « Nos blessés d’Afghanistan, particulièrement les grands brûlés, sont porteurs d’infections ­multirésistantes aux antibiotiques, ce qui nous a conduits à nous intéresser à la phagothérapie pour mieux les soigner », ­explique le Dr Patrick Jault, anesthésiste-réanimateur. ­Courant 2013, les conclusions de « Phageburn », une étude réalisée sur un échantillon de 200 malades et financée en partie par la Direction générale de l’armement (DGA), ­permettra de savoir si les phages sont une bonne alternative aux antibiotiques.

L’industrie pharmaceutique veut savoir si la phagothérapie est rentable

« Dans la mesure où les phages ne sont pas “brevetables”, précise Alain-Michel Ceretti, militant historique de la lutte contre les infections nosocomiales à l’hôpital, l’industrie ne veut pas investir. La seule solution est de concevoir un cocktail de phages afin qu’ils soient considérés comme un médicament, avec un brevet et des bénéfices en perspective. » C’est justement cette stratégie que certains industriels aux Etats-Unis, en Australie, en Angleterre ont choisie. En France, depuis 2007, Pherecydes Pharma, une start-up, planche sur la fabrication de ­cocktails de phages contre les infections multirésistantes respiratoires, osseuses et dermatologiques : « Nous avons d’étroits contacts avec des laboratoires pharmaceutiques qui attendent de connaître nos résultats pour envisager un codé­veloppement », insiste Jérôme Gabard, son P-DG. Le temps presse. En effet, sans argent pour mener des essais cliniques qui peuvent atteindre 5 millions d’euros, ces entreprises sont amenées à disparaître.

A moins que la solution vienne des pouvoirs publics : compte tenu de l’augmentation des résistances en France et de l’absence de nouveaux antibiotiques plus efficaces, ils viennent d’entrer dans le débat. Dans un rapport officiel, le Centre d’analyse stratégique, rattaché aux services du Premier ministre, propose d’étudier l’intérêt thérapeutique de la phagothérapie. En remplacement ou en complément des antibiotiques. Une brèche vient de s’ouvrir.